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Page:Jarry - L'amour absolu, 1899.djvu/24

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terité quand j’ai créé le premier siècle ! Je suis le Fils, je suis ton fils, je suis l’Esprit, je suis ton mari de toute éternité, ton mari et ton fils, très pure Jocaste !

Mais je suis le tout jeune époux dans le lit de ma bien-aimée ; c’est parce que je m’aperçois que tu es vierge, ô ma mère, ma petite épouse, que je commence à être sûr que c’est bien moi, Dieu.

M’entends-tu tout endormie, Miriam ?

— Si vous m’ordonnez d’entendre, j’ai entendu, Maître.

— Maman, explique-moi…

— Vous me parlez comme les gestes de mon nouveau-né à la vivante. Quand je suis vivante, je n’entends pas bien. Je suis votre mère, alors, Maître, et l’épouse du charpentier.

— Et maintenant… ?

— Oh ! maintenant… il faut que vous soyez bien Dieu pour comprendre

tout le rayonnement de mon sourire…

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