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Page:Jarry - L’Amour en visites, 1898.djvu/45

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l’amour en visites

Alors, c’est vrai que c’est vous… et que c’est moi ?

manon (jetant ses bagues dans la tasse du jeune homme).

Je n’en sais rien. Quelle idée de m’écrire cette lettre. Ne bois pas ce thé, il est plein de liqueur, tu as mis de l’anisette dedans… tu vas rendre l’âme !

lucien (repoussant la tasse).

Je ne mange pas de ce pain-là, en effet. Pourquoi veux-tu faire fondre tes bagues main tenant ?

(S’attendrissant.)

Est-ce que c’est vrai, dis, que tu as un tiroir tout rempli de saletés qui servent aux vieux messieurs ? Un de mes amis, journaliste, m’a raconté ça… Et puis, le Russe, tu sais, l’officier russe qui t’a donné le collier de sa femme, un collier de vingt mille roubles ? L’autre jour on prétendait qu’il était resté à Paris ? Et ta perruque de fils d’or ? Et tes tutus en Émi-