Aller au contenu

Page:Jarry - Les jours et les nuits, 1897.djvu/188

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Alors je vais être libre avant vous… Est-ce qu’on va prendre ma température ce soir ? J’ai un peu de fièvre. Mais c’est grand ici, sale et triste. On ne peut pas sortir tous les jours ?

— En demandant la permission au médecin-chef. Mais j’aimerais mieux la réforme d’abord et une seule grande sortie après.

— Vous savez que de sortir ça ne m’a pas été utile à Biarritz ?

— Je sais, j’ai lu.

— Parce que je n’étais pas dans ma résidence assignée. Je me suis caché dans une auberge où ils m’ont vendu comme des brutes. Sans cela, je filais à cheval jusque chez moi, je me couchais et j’étais inviolable. Mais les gendarmes m’ont pris avant. »

Il parlait bref et vite, d’une voix d’enfant confiant pressé ou haletant. Deux infirmiers vinrent avec un thermomètre.