Aller au contenu

Page:Jarry - Les jours et les nuits, 1897.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

arbres qu’on ne distingue bien qu’au coucher du soleil, car à cette heure-là ils sont très exactement demeurés ce que les a faits Memling, pas autre chose que de grandes plumes frisées. Après, tout est gris, et on ne voit plus d’horizon, du tout. Parallèle au train court un remblai, sous les fils du télégraphe. Et conformant son parallélisme aussi à ces fils d’arpentage, la mer détonne et moutonne profonde de trois ou quatre mètres, et derrière il n’y a rien que du ciel couleur de sable. On a dépassé les Bruges où les trains s’arrêtent dans des cathédrales et où les maisons des petites rues s’habillent en singe mourant ou cuisse de nymphe émue ; où sur la place buveuse de bière, une petite bonne femme vend des chandeliers en terre verte. La nuit est tout à fait sortie de la mer, et les vagues allument en large de grandes scies de