Aller au contenu

Page:Jarry - Pantagruel, 1911.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tu laissas dérober ce trésor précieux
Que d’illustres héros, au temps de tes aïeux,
Rapportèrent en ton empire,
Et que, de conserver, cent rois s’enorgueillireni !
Parle, parle, infidèle gardien !

chœur général

Parle !

picrochole, enchanté de ce qui arrive, fait, comiquement dramatique, le récit qui suit.

La laine reposait au fond du sanctuaire,
Ainsi qu’elle y dormait depuis des millénaires
Sous la protection de Cypris tutélaire ;
Au trésor, nul mortel n’eût pu porter la main
Sans être consumé par le pouvoir divin ;
Si la Toison sacrée a disparu soudain,
La déesse Cypris, pour quelque obscur dessein,
L’a fait évanouir au fond de ses mystères.

allys

En cet événement prodigieux, mon père,
Comme vous, je vois un signe divin.
Oui, la déesse veut que j’accorde ma main
Au vaillant qui, selon les illustres exemples
Des antiques héros et des preux paladins,
Saura reconquérir, d’un exploit merveilleux,
Et rependre aux voûtes du Temple
La magique Toison des béliers fabuleux.

pichrocole

Prétendants à la main de ma fille, et mes hôtes,
Sentez-vous en vos cœurs bouillonner le courage