Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/261

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à ce que les marchés dont l’état est ci après soient[1] constamment approvisionnés, à ce que le consommateur des villes et campagnes soit assuré d’y trouver ce dont il a besoin. Punir ceux qui vont au-devant des grains destinés aux marchés. Surveiller exactement et empêcher les mesureurs de s’immiscer directement ou indirectement dans ce commerce. Empêcher la vente clandestine et défendre tout enlèvement dans les marchés pendant la première heure. Surveiller tous ceux qui, étrangers au commerce des grains et farines, se présenteraient dans les marchés pour y faire des achats ou parcoureraient les fermes dans les mêmes intentions. Ne souffrir d’achats pour aucun service public tel qu’il ne soit dans un rayon de 20 lieues de Paris, si ce n’est par les boulangers. Laisser d’ailleurs la circulation des grains parfaitement libre, et ne s’attacher qu’à la personne des individus étrangers ou inconnus qui se livreraient à des accaparements sensibles, soit dans les marchés, soit au domicile des cultivateurs. Maintenir la police des marchés, en se conformant aux usages des lieux, sauf à faire disparaître les abus que ces usages pourraient présenter au fur et à mesure qu’on les apercevrait. En un mot, s’en tenir à une simple surveillance sur les personnes, sans entraver la chose, tel est peut-être, général premier consul, pour le moment actuel, le seul moyen prudent de remédier aux accaparements, de faire cesser les abus et les craintes que je vous ai signalés dans mes rapports, et d’écarter du commerce des grains et farines, sur les marchés situés dans le rayon de Paris, la finance, la banque, les commissionnaires et courtiers qui n’aiment pas du tout avoir affaire au préfet de police… »

Le préfet ajoute à son rapport un tableau des moulins employés à l’approvisionnement de Paris, et nous en comptons 3 243, donnant par jour 3 370 moutures, qui tombent à 1 621 en temps de sécheresse. Nous relevons aussi dans des « Observations sommaires » qui accompagnent le même rapport, et ont pour but de montrer la nécessité qu’il y a de donner au préfet de police la surveillance des marchés, certains passages dignes d’intérêt, comme celui-ci, par exemple : « Il ne faut pas se le dissimuler, partout où il y a un grand nombre de spéculateurs et de capitalistes, le principe d’activité devient quelquefois dans leurs mains un principe de corruption, et quoique le gouvernement ait supprimé tous les privilèges dont l’ancien régime favorisait les uns au préjudice des autres, on doit encore redouter cette cupidité qui produit les manœuvres, les monopoles, la disette et les misères publiques ».

Quel fut le résultat immédiat de tout ce travail de bureau dont nous donnons un aperçu ? On le trouve dans un arrêt consulaire du 19 vendémiaire an X (11 octobre 1801), arrêté qui reproduit dans ses grandes lignes le rapport aux consuls du 8 vendémiaire[2]. Le préfet de police eut seul le droit

  1. C’est un tableau des principaux marchés de Seine-et-Oise, Eure-et-Loir, Oise, Somme, Aisne, Seine-et-Marne, Aube
  2. Supra, p. 249.