Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/272

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en rivière sur la Seine et sur la Loire ; 26 000 en transbordement à Rouen 81 000 en mer dirigés vers Le Havre et 55 300 dans les dépôts de la Charité, de Saint-Brieuc, de Dantzig et d’Ostende. Les achats de Vanderbergh ont été aussi rapides que considérables. Quatre-vingt à cent vaisseaux chargés de grains ou farines sont déjà arrivés dans les ports de France. Un plus grand nombre sont en mer pour la même destination, et, dans un mois, tous les achats auront touché le sol de la République. Ces arrivages ont déjoué déjà les spéculations des accapareurs et les projets des mal intentionnés. Environ 100 000 quintaux de seigle ou froment sont dirigés vers les départements du Nord, du Pas-de-Calais et de la Somme, où les besoins sont extrêmes. Le reste est destiné pour Paris et arrive au Havre pour entrer dans la Seine. Ces quantités suffiront, je pense, pour nous faire arriver au moment où l’agriculteur des départements voisins de Paris porte sa récolte au marché. Mais il ne suffit pas d’avoir des blés dans nos ports ou même dans nos magasins pour être rassurés sur les subsistances pendant les cinq mois que nous avons à parcourir. En effet, le temps des moissons est l’époque de l’année où les marchés sont le moins approvisionnés et, conséquemment, il est à présumer qu’on sera forcé d’opérer alors des versements considérables à la halle. D’un autre côté, les eaux basses dans cette saison ralentissent les arrivages et rendent les moutures difficiles, mauvaises et souvent impossibles. Il est donc de la prudence de prévoir ces cas. Or, les moyens de transport employés jusqu’ici ne nous mettent pas suffisamment en mesure pour pouvoir fournir à une consommation forcée. Et il serait possible que les ports du Havre et de Rouen fussent engorgés de nos blés sans que nous eussions le moyen de fournir la farine nécessaire à l’approvisionnement de Paris. C’est pour obvier à ce grave inconvénient que j’ai cru devoir profiter du mois de navigation qui nous reste pour amener aux environs de Paris et convertir en farines tous les blés achetés au dehors. En conséquence, j’ai organisé le transport le plus rapide possible. Presque tous les bateaux de l’Oise et de la Seine vont être employés. Des relais sont placés dans les passages difficiles pour hâter la marche ces bateaux et surmonter tous les obstacles. La navigation sera soutenue nuit et jour et des hommes de confiance accompagneront tous les convois, tant pour accélérer les transports que pour surveiller les conducteurs. Les blés seront distribués à Corbeil, Saint-Denis, Pontoise et Beaumont où des moulins seront retenus en nombre suffisant pour fournir 1 000 à 1 200 sacs de farine par jour. On sera peu étonné de ces précautions et de l’étendue des moyens qu’on emploie si on réfléchit que, pour fournir ces 1 200 sacs de farine par jour, il faut 5 000 à 6 000 quintaux de blé et le travail de trois cents moulins.

« Quant aux blés qui sont destinés pour les départements du Nord, du Pas-de-Calais et de la Somme, j’ai cru que la vente devait en être opérée sur les marchés des lieux qui ont le plus de besoins et j’ai envoyé dans cha-