Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/569

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« Le salaire des tisserands était, en 1789, de 15 sous par jour, en l’an IX, de 20 sous.

« Verrerie. — Prix de la journée de travail du fabricant en 1780 : 2 francs ; en l’an IX, 2 fr. 50 ; — du manouvrier, en 1789 : 0 fr. 75 ; en l’an IX : 0 fr. 90.

« Faïencerie. — Prix de la journée de travail du fabricant, en 1789 : 1 fr. 50 ; en l’an IX : 1 fr. 75 ; — du manouvrier, en 1789 : 0 fr. 50 ; en l’an IX : 0 fr. 60.

« Mines de houille. — Évaluation de la journée de l’ouvrier mineur à Grosswald : 1 fr. 20 ; à Pettelange et Créange : 1 franc ; à Ostenbark : 1 fr. 25. »

Et maintenant, M. Colchen va nous établir le budget du travailleur, en insistant sur celui des journaliers ou manouvriers qui paraissent être le plus grand nombre dans le département :

Choses nécessaires à la vie d’un manouvrier.

« 1/4 de livre de lard, en 1789, au prix de 0. fr. 10 ; en l’an IX, 0 fr. 15 ; — 2 livres de légumes, en 1789, 0 fr. 17 ; en l’an IX, 0 fr. 15 ; — Pain bis, cinq livres, en 1789, 0 fr. 63 ; en l’an IX, 0 fr. 50 ; — Bois, en 1789, 0 fr. 06 ; — en l’an IX, 0 fr. 09.

« Soit, au total, le prix de 0 fr. 96 en 1789, et de 0 fr. 89 en l’an IX.

« On voit, par ces rapprochements, dit le préfet, que les objets de première nécessité ont moins coûté en l’an IX, et qu’en ajoutant au salaire du journalier la valeur du travail de sa femme, qu’on peut estimer à 0 fr. 20, il lui reste 0 fr. 23 centimes pour son logement, ses vêtements, son entretien et celui de sa famille.

« Mais, en 1789, sa condition était plus que dure ; car enfin, le salaire étant, par suite de l’usage établi, resté au taux ordinaire, il s’est trouvé, en réunissant celui de la femme, évalué à 0 fr. 15, inférieur de 0 fr. 06 aux derniers degrés de l’humanité, pour la nourriture seulement.

« Cette amélioration dans le sort du journalier l’a disposé à étendre le cercle de ses jouissances. Un certain luxe s’insinue dans son humble réduit ; ses vêtements sont meilleurs et plus propres, ses aliments sont quelquefois moins grossiers ; il use plus fréquemment de la viande, dont il ne mangeait presque jamais, de même que des liqueurs fermentées, mais celles-ci sont devenues, pour plusieurs, une passion funeste et ruineuse.

— Pour connaître ce que le journalier peut dépenser en amélioration de ces aliments dans l’augmentation de son salaire, il suffit de comparer le prix des journées avec et sans nourriture ; on verra que celle-ci n’était comptée, en 1789, que pour 0 fr. 35 ou les 10/29 du salaire ; et en l’an IX. pour 0 fr. 47 on les 10/22 ; la différence est de 0 fr. 12, et cette somme doit nécessairement être représentative des frais qu’occasionne l’amélioration de la nourriture à