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Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/54

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baissée, et tous partent probablement pour ne plus revenir. Triste récompense de nos efforts et de notre courage ! Comme à la mort du grand Saladin, le héraut peut crier : « Voilà tout ce qui reste de tant de conquêtes.»

Suit un panorama mouvant, brossé à grands traits, dont l’impressario, armé de sa baguette démonstrative, doit expliquer au public les principaux sujets : — Traversons les vallées du San Miguel et de l’Atascosa. Sur ce petit promontoire escarpé, le chalet qui se cache au milieu des cèdres était l’épicerie du canton. On y lit encore, sur l’enseigne, cette inscription qui semblait un défi au désert : Groceries!!! Les trois points d’exclamation y sont (ou plutôt y étaient). — Voici le joli cours d’eau du Romeo — plat, à bancs de sables — et son petit hameau mexicain. La senora Marta, la senorita Guadalupe, la senora Rosalia, la senorita Concepcion, vêtues de leurs robes de coton clair — sans chemises — se livrent à de jolis ouvrages de main, assises… devinez où? — je vous le donne en mille — assises dans la rivière, afin de jouir de la fraîcheur de l’eau. — Voici la ferme des Post-Oaks, où vous verrez la petite fille scalpée : un crâne pelé, rouge, dont les veines se dessinent en relief. Mais les souffrances physiques ne sont rien encore au prix du trouble moral. La pauvre enfant ne voit que fantômes, guerriers, couteaux, flèches empoisonnées; elle éperonne son cheval, elle pleure sa mère et sa mère désolée la soigne à ses côtés. — Cette croix massive de chêne vif, sans couleur, marque la sépulture toute fraîche du pasteur des moutons. Les brebis étaient revenues le soir sans leur maître. On chercha, chercha longtemps dans la campagne vierge. La voix connue