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Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/70

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lumière ou la fumée ne le fissent découvrir; dormant à peine de crainte d’être surpris; trouvant sur son chemin de grands fleuves, où son salut dépendrait de la force et du courage de son cheval. Quel isolement dans la vaste étendue de la nature! Quelle résolution, quelle confiance dans ses forces, quelle énergie de caractère dans l’homme qui affronte une pareille situation ! Pour moi, en admirant son courage, je repris au petit trot le chemin de ma demeure, où je rentrai longtemps avant le jour.

Dès le lendemain de l’évasion, la ville était pleine de rumeurs. Une prime était offerte à qui mettrait sur les traces du fugitif et de ses complices. Le capitaine Mechling était aux fers, accusé de s’être laissé gagner à prix d’argent. Plusieurs des anciens amis d’Anderson avaient subi de grand matin des visites domiciliaires. Chez d’autres habitants soupçonnés d’unionisme, des rangers avaient fait des visites forcées, le pistolet au poing. Une députation de planteurs s’était rendue chez Lorenzo Castro, un des grands de la ville, un ami du fugitif, lui demandant compte de l’assistance qu’il avait donnée au proscrit dans cette conjoncture. Le pauvre homme, tremblant à la perspective de « tendre la corde, » s’était confondu en protestations, d’ailleurs parfaitement sincères. Les amis d’Anderson avaient tous manqué de dévouement et de résolution.

Vers le soir un voyageur arriva à San Antonio par la direction du Midi. On le conduisit à l’hôtel de ville, où on l’interrogea. Il avait croisé des détachements en poursuite. Des voyageurs? — Aucun. — Des campagnards? — Oh oui, j’en ai rencontré un vers la pointe