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Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/88

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voyageurs endormis, ils les tuent au couteau et s’approprient ensuite le butin.

Nous ignorions à combien d’ennemis nous allions avoir affaire. Mais nos fusils et nos revolvers nous donnaient trente-sept coups à tirer avant de recharger les armes. C’était assez pour terminer le combat. Nous primes place côte à côte sous l’une des charrettes. Les chevaux, de plus en plus effrayés, faisaient de puissants efforts pour briser leurs amarres ; puis tout d’un coup ils se calmèrent. L’ennemi, en apercevant nos préparatifs, s’était retiré sans se découvrir. Nous vîmes le lendemain la piste de l’un des assaillants, derrière le buisson auquel était adossé le feu du bivac, à cinq ou six mètres de la position que nous avions prise.

Les jours suivants plusieurs voyageurs nous croisèrent et nous firent un tableau inquiétant de l’état des choses sur le Rio Grande. La guerre civile continuait à Matamoros ; nul n’avait permission de traverser le fleuve ; Caravajal, aidé des secours de toute nature que les autorités scissionnaires lui faisaient passer de Brownsville, mettait la ville à feu et à sang. Rétablir l’esclavage dans le Mexique septentrional était son but, auquel la majorité des habitants était opposée. Matamoros soutenait depuis trois mois un siège opiniâtre, contre ce prétendu général, que l’on appellerait en Europe un chef de brigands. Si le passage du fleuve m’était fermé par les troubles du Mexique, ma situation sur la rive texane pouvait devenir très-dangereuse.

Ces craintes furent en partie dissipées, le 3 mars au soir, lorsque nous fûmes de l’autre côté de San Fernando. Notre feu de bivac guida vers notre camp un jeune