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Page:Joanne, Géographie de la Corse, 1880.djvu/34

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cal Paoli résista, mais il avait maintenant à combattre un ennemi autrement redoutable. Le 28 août, Chauvelin débarqua en Corse avec de grands renforts. Les insurgés furent successivement chassés du cap Corse, du Nebbio, de la Marana et de la Casinca. Cependant la sanglante défaite qu’ils firent éprouver aux Français près de Borgo (octobre 1768) vint un moment ranimer leurs espérances. Nous empruntons les lignes suivantes à l’historien de Friess.

« Le colonel de Ludre occupait Borgo avec 500 hommes. Paoli, voulant chasser l’ennemi de cette position et l’obliger à se renfermer dans Bastia, donna ordre à ses capitaines de s’en emparer. De son côté, le marquis de Chauvelin, comprenant combien il lui importait de conserver cette position, sortit de Bastia avec toutes les troupes dont il pouvait disposer, et se porta vers Borgo, tandis que De Grand-Maison opérait le même mouvement en partant d’Oletta. Paoli, qui avait deviné le plan de Chauvelin, chargea son frère Clément d’arrêter la marche de De Grand-Maison et se porta lui-même, avec ses compagnies miliciennes au-dessous de Borgo. Le marquis de Chauvelin ne tarda pas à arriver et à commencer l’attaque. Des deux parts on se battit avec grand courage : trois fois les Français cherchèrent à entamer les Corses, et trois fois ils furent vivement refoulés. Le combat dura plusieurs heures et fut très-sanglant ; enfin Chauvelin, voyant qu’il avait perdu beaucoup de monde et désespérant de pouvoir forcer les retranchements, donna le signal de la retraite. Le colonel de Ludre, n’ayant pu être dégagé, fut obligé de se rendre avec sa garnison. Les Français éprouvèrent des pertes considérables dans cette sanglante journée, et eurent un grand nombre de blessés. »

Après la défaite des Français à Borgo, le comte de Vaux fut nommé général en chef de l’armée française en Corse, où il arriva au printemps de 1769, avec des forces imposantes. « Paoli, convaincu qu’il n’y avait plus à traiter diplomatiquement des affaires de son pays, voulut opposer la plus vive résistance, quoiqu’il comprît que, réduit à ses propres forces, il