Aller au contenu

Page:Joanne-Géographie du département de la Savoie,1901.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
24
SAVOIE.

Lorsque Rome, victorieuse de Carthage, maîtresse de l’Orient et de l’Espagne, intervint enfin dans la Gaule, pour protéger Marseille, les Allobroges résistèrent énergiquement aux étrangers et s’unirent aux Arvernes. Défaits une première fois par Domitius Ænobarbus, ils le furent une seconde fois par Fabius Maximus, qui obtint l’honneur du triomphe et le surnom d’Allobrogicus. Ce fut par leur pays et peut-être dans leur pays que Jules César arrêta l’invasion des Helvètes : il s’annonçait à la Gaule comme un libérateur, en attendant qu’il pût y parler en conquérant et en maître.

Opiniâtres dans leur résistance contre les Romains, les Allobroges, une fois soumis, adoptèrent promptement les lois, les mœurs, les coutumes, la langue des vainqueurs. Le territoire fut défriché, assaini, sillonné de routes ; des cités populeuses s’élevèrent, qu’embellirent des temples, des théâtres, des palais, des cirques, des écoles, des arcs de triomphe, des aqueducs, des bains. La Savoie est une des contrées de la Gaule qui contiennent le plus de ruines antiques, de vestiges de voies romaines, d’inscriptions latines. On en a trouvé : à Aime (Forum Claudii, Axima au moyen-âge), à Aiguebelette (Aquae Bellonæ), à Lémenc (Lemencum) situé auprès de Chambéry, à Arbin (mosaïques fort remarquables), à Aix-les-Bains (Aquæ Allobrogum ou Aquæ Domitianæ ou Aquæ Gratianæ), à Albens (ancien vicus Albaniensis), à la Biolle, à Novalaise.

L’antique Allobrogie, ayant été détachée de la province Narbonnaise par les empereurs Galba et Vespasien, forma une nouvelle province, appelée Viennoise, laquelle s’étendait jusqu’au cœur du pays des Ceutrons. Mais un jour, son nom même s’effaça pour faire place au nom primitif de Sapaudia qui reparut. Dans la Notice des princes et des cités de la Gaule, ce nom s’écrit Sabaudia, puis, après l’arrivée des Barbares, Saboja, Saboia, Savogia, Savoye, Savoie.

L’époque de l’introduction du christianisme en Savoie est incertaine : saint Jacques, saint Marcel, saint Maxime, saint Élie et saint Milet furent les premiers qui, au cinquième siècle