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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/118

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le robinson suisse.

sur la paroi latérale du navire. J’eus soin de calculer la distance laissée entre la pinasse et le pétard, de manière à être sûr que, par l’explosion, ce dernier reculerait et n’atteindrait pas la pinasse. J’allumai ensuite la mèche qui sortait de la planche, et, sans rien dire à mes enfants de ce que j’avais fait, je remontai promptement avec eux dans notre bateau de cuves. Nous arrivâmes sans accident à Zeltheim. Nous étions occupés à décharger notre cargaison, quand une détonation terrible se fit entendre sur la mer ; nos enfants furent épouvantés. « Mon Dieu ! qu’est-ce que cela ? Un coup de canon ! s’écriaient-ils. Le capitaine de notre bâtiment et ses matelots seraient-ils dans ces parages ? Peut-être un navire en perdition demande-t-il du secours !

ma femme. — Le bruit me semble venir directement du vaisseau. Si le feu s’était communiqué à quelque baril de poudre ?

moi. — Peut-être, en effet, aurons-nous oublié d’éteindre le feu après avoir calfeutré la pinasse. Allons sur les lieux mêmes nous assurer de l’événement. Qui veut être de la partie ?

— Moi ! moi ! moi ! » répondirent mes trois aînés, qui se précipitèrent dans les cuves. Je les suivis après avoir dit à voix basse quelques mots à leur mère pour la tranquilliser.

Avec quelle vitesse sortîmes-nous de la baie ! Comme nos coups de rames se suivaient de près ! Nous fîmes le tour du navire au milieu de débris de toutes sortes qui, çà et là, jonchaient la mer. À travers une immense ouverture de la paroi latérale, nous vîmes la pinasse tout à fait intacte, quoique renversée un peu sur le côté. Je m’écriai, plein de joie : « Victoire ! mes enfants, victoire ! Elle est à nous, la belle pinasse ! nous pouvons la mettre facilement en mer. Montons dedans.

fritz. — Ah ! je comprends ! vous avez fait sauter vous-même une partie de la paroi du navire, avec la poudre, pour