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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/135

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le robinson suisse.

det, qui faisait la grimace en regardant sa charge de calebasses et de cannes, et nous revînmes à Falkenhorst.

Vous pouvez vous imaginer quel bon accueil on nous fit ainsi qu’au perroquet vert, qui fut donné au petit François. Ma femme fut surtout contente de la découverte de l’arbre à cire et du caoutchouc.

Après le dîner on se coucha à l’heure ordinaire.

Dès le lendemain matin, cédant aux instantes prières de ma femme, il fallut me mettre à fabriquer des bougies.

J’aurais désiré avoir un peu de graisse de mouton à mêler à la cire de mes baies pour les rendre plus blanches ; je dus m’en passer, et me contentai de faire fondre mes baies dans une chaudière d’eau posée sur un feu modéré ; ma femme préparait les mèches avec du fil de toile à voile ; j’enlevai avec soin la matière huileuse et verdâtre qui ne tarda pas à flotter à la surface de l’eau, et la versai doucement dans un autre vase. Quand j’eus une quantité suffisante de cette cire liquide, je trempai dedans mes mèches, que je suspendis ensuite à des branches d’arbres, pour les reprendre dès qu’elles étaient sèches, et les tremper de nouveau jusqu’à ce qu’elles eussent la grosseur convenable. Elles furent ensuite placées dans un endroit frais où elles durcirent en peu de temps ; le soir même, j’en essayai une : sa lumière, je l’avoue, n’était ni très-pure ni très-vive, mais enfin c’était de la lumière. Je reçus des félicitations de ma femme, qui se réjouissait de pouvoir, dorénavant, prolonger ses soirées. Ce succès lui ayant donné une haute idée de mon habileté, elle me pria de lui faire un ustensile de ménage appelé baratte dans lequel on bat le beurre : elle regrettait beaucoup de ne pouvoir employer la crème de son lait. Je me rappelai alors le procédé des Hottentots et je l’employai ; seulement, au lieu de peau de mouton, je me servis d’une grande calebasse : je la remplis de crème et la fermai hermétiquement ; ensuite, l’ayant placée sur une large toile à voile, dont chacun de mes fils tenait un coin, à un signal donné, ils la secouèrent