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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/153

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le robinson suisse.

de cette nourriture saine et agréable, parce que nous pouvions nous en procurer autant que nous en voudrions en abattant des palmiers. Le détritus de la farine fut jeté à terre et arrosé soigneusement, pour que la fermentation y fît naître des larves et des champignons.

Tous nos ustensiles et les deux moitiés d’arbre furent chargés sur le char, auquel nous attelâmes le buffletin à côté de la vache, et nous nous mîmes en route ; en plusieurs endroits Fritz et Jack, marchant en avant-garde, nous frayèrent un chemin à coups de hache à travers les broussailles. Comme nous passions par les mêmes endroits qu’en allant, nous pûmes ramasser nos baies de cire, que nous avions laissée au pied des arbres. Nous étions arrivés au bois de goyaviers, quand nos deux chiens se mirent à aboyer avec fureur ; je m’approchais d’eux, le fusil armé, déjà prêt à tirer, quand Jack m’arrêta en riant : il venait de découvrir dans un fourré notre truie, que les chiens tenaient en arrêt. Nous avançâmes sans crainte, et notre joie fut très-grande quand nous vîmes autour d’elle sept marcassins qui ne devaient avoir que quelques jours d’existence, et qui tétaient leur mère à qui mieux mieux. Sans être effrayée à notre aspect, elle continua tranquillement à lécher ses petits. Mes enfants lui donnèrent des glands doux et des morceaux de pain de cassave. Nous nous consultâmes ensuite pour savoir ce qu’il fallait faire de la laie. Fritz voulait qu’on la laissât là, dans l’espérance que ses petits, devenant sauvages comme de vrais sangliers, lui fourniraient plus tard l’occasion de tirer quelques bons coups de fusil sur eux. Ma femme désirait qu’on en gardât au moins deux à la maison et qu’on tuât plus tard la mère, qui s’échappait toujours ; de cette manière on aurait de la viande salée pour longtemps. Ce dernier avis fut jugé le meilleur et adopté à l’unanimité.

Après deux heures de marche nous arrivâmes, sans autre aventure, à Falkenhorst, où tout était en bon ordre, et où notre volaille nous fit un accueil amical. Le buffle, le chacal