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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/172

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le robinson suisse.

avec l’orgueil d’un soldat qui aurait pris un drapeau à l’ennemi. Mes enfants étaient dans l’admiration.

Je me chaussai sur-le-champ pour faire sécher mes bottes sans les laisser se rétrécir ; elles allaient parfaitement bien. Fritz, Jack, Ernest, voulaient en avoir de pareilles, mais il me sembla prudent de mettre d’abord à l’épreuve la nouvelle chaussure. Je fis une paire de bottes à Fritz avec la peau de la femelle buffle, et j’eus soin de garnir les coutures avec du caoutchouc. Les bottes de mon fils étaient loin d’être aussi souples, aussi élégantes, aussi commodes que les miennes ; ses frères rirent un peu de lui parce qu’il ne pouvait pas facilement courir quand il les avait aux pieds.

Ensuite nous travaillâmes à l’établissement de notre fontaine. Le ruisseau fut coupé par une digue en pierres et en troncs de bois ; l’eau, forcée de passer par-dessus les bords, tomba dans nos conduits de palmier, et arriva ainsi jusque dans notre bassin d’écaille, dont le trop-plein s’écoulait par un tuyau de bambou placé dans un petit trou fait à côté. Sur le bassin je mis deux bâtons plats pour poser les seaux de calebasses. Nous eûmes, ainsi tout près de notre figuier une fontaine qui nous évitait la peine d’aller vingt fois par jour au ruisseau et qui nous enchantait par son doux murmure. Le seul inconvénient de cette fontaine, coulant ainsi à découvert, était de nous fournir une eau presque chaude ; aussi je me proposai de remédier à cela en me servant, pour conduits, de grosses cannes de bambou enterrées profondément en terre.

En attendant que j’eusse le loisir d’exécuter ce nouveau projet, nous rendîmes publiquement et solennellement gloire à Fritz, qui, le premier, avait eu l’idée de faire cette fontaine.