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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/205

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le robinson suisse.

vie des débris des tuiles de bois pour allumer son feu, je sentis s’en exhaler une odeur de résine aromatique. En les examinant avec plus d’attention, je reconnus que quelques-uns de ces morceaux appartenaient au térébinthe, les autres à l’arbre à mastic. Je n’avais nullement l’intention de me servir de ces résines comme d’une chose de luxe, mais je pensais déjà pouvoir obtenir par leur cuisson une sorte de goudron ou de poix. La seconde découverte fut due à nos chèvres. Ernest remarqua que ces animaux mangeaient avec avidité des petits morceaux d’écorce des arbres que nous avions pelés ; comme mon fils était un peu gourmand, il voulut savoir le goût de ces écorces ; il en porta donc à sa bouche et s’écria tout joyeux : « De la cannelle ! de la cannelle ! » Il ne se trompait pas : c’était bien de la cannelle, et si elle ne valait pas celle de Ceylan, fort estimée en Europe, elle n’en avait pas moins un parfum très-suave.

Pendant le repas du soir il fut naturellement question des trois découvertes du jour. Je racontai à ma famille que le térébinthe avait été trouvé par les Vénitiens dans les îles de l’archipel grec. « Et que fait-on de la résine qu’il donne, appelée térébenthine ? demanda Ernest.

moi. — Elle sert en médecine. On l’emploie aussi pour les vernis, pour la colophane ; cuite et mêlée avec l’huile de poisson, elle donne un goudron très-estimé.

jack. — Et le mastic ?

moi. — Le mastic, qui sort par gouttes de l’arbre à mastic et se durcit au soleil, est employé très-souvent par les parfumeurs ; dissous dans l’alcool ou esprit-de-vin, il fournit un vernis pour la porcelaine.

fritz. — Et la cannelle ?

moi. — La plus estimée vient de l’île Ceylan ; on la recueille sur l’arbre appelé cannellier ; la plus fine est celle qui se trouve entre la seconde écorce et l’aubier ; séchée au soleil, la cannelle se roule d’elle-même en morceaux de différentes grandeurs qu’on lie ensemble et qu’on met dans