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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/283

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le robinson suisse.

n’eût laissé quelque part dans l’île son mâle ou des petits. Pour m’en assurer, je résolus de tenter une double expédition, l’une dans le marais des canards, l’autre à la grande baie, près de notre palissade de bambous ; c’était le seul endroit, à ma connaissance par où un si gros reptile avait pu s’introduire dans nos possessions.

Au moment du départ, Jack et Ernest manifestèrent vivement le désir de rester à la grotte ; Jack convenait même qu’il ne pouvait songer sans trembler à une rencontre avec un ennemi comme celui que nous venions d’abattre. Cette poltronnerie à propos d’un danger éloigné et incertain ne me parut pas mériter qu’on y fit attention. Je refusai donc formellement la demande de mes deux enfants, et les engageai à montrer désormais plus de courage : « Cette expédition, ajoutai-je, est nécessaire pour notre sécurité à tous ; il faut y mettre le zèle et la fermeté nécessaires pour que notre travail, si bien commencé, reçoive son achèvement complet. »

Nous avions chacun notre arsenal habituel d’armes à feu ; je fis prendre, en outre, à mes enfants de longues perches de bambou, une planche de cinq ou six pieds et deux outres de peau de chien de mer pour nous soutenir sur l’eau si c’était nécessaire.

En entrant dans les roseaux, je n’avançais qu’avec précaution, et, dès que je sentais sous mes pieds un terrain moins solide, je faisais jeter la planche devant nous, en sorte que, par ce moyen, nous traversâmes à peu près tout le marais à pied sec. Nous trouvions des traces du boa, soit dans les roseaux abattus, soit dans les spirales creusées dans la vase : à l’extrémité du marais, un nid grossièrement fait avec de l’herbe, des roseaux et de la terre, attira plus particulièrement mon attention, mais je n’y découvris ni œufs ni petits ; rien d’ailleurs n’indiquait que ce fût là l’ouvrage du serpent.

Nous n’avions jamais exploré ce côté de l’île, aussi exa-