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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/307

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le robinson suisse.

on pouvait conjecturer qu’elles étaient couvertes d’arbres et de végétation. La rivière, en effet, à en juger par la ligne de roseaux qui nous masquait son cours, devait y prendre sa source et les fertiliser. Le chacal et les chiens nous avaient quittés, allant sans doute en quête de quelque butin, mais nous étions encore trop fatigués pour les suivre dans leurs recherches. D’ailleurs, maintenant que la soif était apaisée, la faim commençait à se faire sentir, et les enfants ne furent pas fâchés d’avoir les restes de notre rôti de cochon.

Quand nous fûmes rassasiés, Fritz se leva, et, s’avançant un peu sur la saillie du rocher, se mit à observer les environs avec ma lunette.

« Que vois-je ? s’écria-t-il tout d’un coup. Voilà un cavalier qui galope dans la plaine. Ils sont deux maintenant, puis trois. Ce doit être des Arabes.

— Des Arabes ! répondit Ernest ; dis au moins des Bédouins.

— Oh ! oh ! voilà, repris-je, une mauvaise querelle de mots. Si c’étaient des Bédouins, ce seraient aussi des Arabes, car, tu dois le savoir, on donne le nom de Bédouins aux tribus arabes nomades. »

Pendant ce temps, Fritz avait continué son examen. « Je vois aussi, nous dit-il, des troupeaux nombreux, et, à côté, de grandes masses qui semblent des meules de foin mobiles, puis des chariots qui vont à la rivière tout chargés et qui en reviennent.

— En vérité, dit Jack, tu vois bien des merveilles. Fritz, passe-moi la lunette à mon tour. C’est vrai, continua-t-il après avoir regardé. Ce sont des Arabes, je vois leurs lances et les petits drapeaux qui y sont attachés.

Je pris alors la lunette, et, après quelques instants d’observation : « Je comprends ce qui cause votre erreur ; les troupeaux que tu as vus paître, Fritz, sont des zèbres, ou des buffles, on des antilopes. Quant à tes meules de foin, cela