Aller au contenu

Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/334

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
306
le robinson suisse.

mettre de s’approcher de nous jusqu’à la portée de la fronde. À mesure que la distance était moins grande, nous admirions davantage la beauté du plumage et la taille de ces animaux. Il y avait trois femelles et un mâle. Celui-ci marchait en avant, comme pour diriger la caravane ou la défendre contre tout danger inconnu. C’était réellement un superbe animal : les plumes de la queue et des ailes formaient un panache ondoyant qui se courbait avec le vent. Elles arrivèrent ainsi jusqu’à une portée de pistolet de nous. Je crus le moment favorable. Derrière accouraient nos chasseurs, barrant la retraite ; d’un autre côté, je ne pouvais espérer de me trouver plus près ; je fis donc appel à mon adresse et lançai tout à coup la fronde. Comme je n’avais pas dans cet exercice toute l’habileté des Indiens, au lieu de s’enrouler autour des jambes de l’autruche mâle, la corde vint faire le tour de son corps. Le mouvement des ailes se trouvait ainsi paralysé, et c’était beaucoup ; mais l’autruche se mit à fuir avec une telle rapidité, qu’aucun de nous n’eût pu l’atteindre, si Jack et François, arrivant en ce moment à l’opposé, ne l’eussent forcée de changer de direction. D’un autre côté, Fritz avait déchaperonné son aigle, et l’autruche, sentant au-dessus de sa tête planer cet adversaire implacable, se troubla tellement, qu’elle se mit à courir de tous côtés sans choisir une direction fixe. Pendant ce temps les trois femelles avaient disparu au loin ; nous étions tous tellement occupés du mâle, que nous n’avions pas fait un seul instant attention à cette fuite.

Le combat était engagé : l’aigle de Fritz, sentant son bec et ses serres captifs, n’attaquait pas résolument, il se contentait de planer au-dessus du lieu du combat en donnant de temps en temps de violents coups d’ailes, comme si ce mouvement eût pu le débarrasser de ses entraves. Un de ses coups frappa l’autruche à la tête. Elle s’arrêta subitement en chancelant comme étourdie. Jack, profitant du moment, lança avec adresse sa fronde ; la corde s’enroula