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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/363

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le robinson suisse.

bord je trouvai dans les chardomns une carde naturelle telle que j’en désirais pour fabriquer les chapeaux ; parmi les autres végétaux je trouvai deux petits pommiers à cannelle et même quelques vrais canneliers. Ces précieux produits furent remis à ma femme qui les reçut avec grand plaisir, et, le lendemain matin, les planta dans notre jardin.

Il restait à dépouiller le gibier ; mais je dis à mes enfants de me laisser ce soin, car j’espérais arriver à faire la besogne aussi promptement à moi tout seul qu’en nous y mettant tous à la fois. Jack commença par assurer que c’était impossible ; je le laissai parler à tort et à travers : j’avais mon idée.

Parmi les instruments que contenait la caisse du chirurgien du navire, se trouvait une grosse seringue. Je pratiquai une ouverture dans le bouchon du piston, et, au moyen de deux soupapes, je transformai ainsi mon instrument de médecin en une machine de compression. Sans doute elle n’était pas parfaite, mais cependant elle pouvait suffire pour mes projets. Quand je tirais le piston, l’air extérieur cuirait par une des soupapes, et, quand je le poussais, au contraire, il sortait par l’autre avec une certaine violence.

Quand je revins muni de mon instrument, les enfants se mirent tous à éclater de rire, et Jack me demanda, un peu irrévérencieusement, si c’était avec cette arme d’apothicaire que je comptais accomplir mes promesses. « Précisément, » répondis-je. Et, sans rien ajouter, je pris le kanguroo, je le suspendis par les pattes de derrière de façon que sa tête fût à la hauteur de ma poitrine, puis, pratiquant une ouverture au-dessous du cou, j’y introduisis la canule de la seringue et me mis à souffler de toutes mes forces. Au bout de quelques instants le kanguroo s’enfla d’une manière prodigieuse, si bien qu’il ne conserva plus rien de sa forme naturelle. Je continuai à souffler, et je m’aperçus qu’à l’exception de deux ou trois petits endroits, la peau était partout séparée de la chair. Je dis à mes enfants de dépouiller