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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/384

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le robinson suisse.

eaux aux broussailles. Fritz se lança à sa poursuite dans son canot, sans toutefois retrouver ses traces, et, pendant ce temps-là, François et Jack, ne pouvant le suivre par terre, revenaient à la métairie.

En traversant un des champs de riz, ils virent passer au-dessus de leurs têtes une troupe de grues qui allèrent se poser quelques pas plus loin. Au lieu d’employer le fusil, ils eurent recours à l’arc et aux flèches, et, s’approchant avec précaution, ils abattirent six de ces oiseaux, parmi lesquels se trouvaient deux vierges de Numidie. Elles n’étaient pas seules sans doute dans la troupe, mais pour nous elles étaient les bienvenues.

Fritz, en rejoignant ses frères, ne put s’empêcher de manifester un peu de dépit, d’autant plus que sa poursuite avait été infructueuse. Aussi, pour ne pas être en reste avec eux, il se dirigea avec son aigle et les chiens vers le bois de goyaviers dans l’espoir d’y rencontrer quelque gibier dont la prise valût le butin de ses frères. En effet, à peine y était-il, que les chiens firent lever une troupe d’oiseaux de la forme des faisans. Fritz lança son aigle, qui bientôt s’abattit sur l’un d’eux et le déchira. Les autres, effrayés, se laissèrent tomber dans les broussailles, où ils cherchaient un refuge contre leur redoutable adversaire ; l’un d’eux même vint se jeter en quelque sorte dans les mains du chasseur, et Fritz en prit un autre au milieu des broussailles. Ce dernier surtout était magnifique : sa longue queue ondoyante, de près de deux pieds, où l’on remarquait deux plumes plus fines et plus longues que les autres ; sa tête couronnée d’une splendide aigrette, le firent reconnaître pour l’oiseau de Paradis, merveille des tropiques, sur l’existence duquel on a fait courir tant de fables singulières, et que les chasseurs estiment tant. C’était une femelle, et la femelle est moins parée et moins forte que le mâle ; mais, malgré cela, la prise était assez belle pour que le chasseur eût le droit d’en être fier.

Après ces exploits, l’appétit de nos enfants s’était trouvé