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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/422

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le robinson suisse.


ma femme. — Je le veux bien, vous m’excuserez seulement si je ne réussis pas ; car j’ignore plusieurs secrets de la science culinaire.

tous. — Oh ! chère mère, régalez-nous d’un nid d’hirondelles apprêté à votre façon.

fritz. — Pourriez-vous nous dire, mon père, comment les hirondelles se procurent cette matière gluante qui, desséchée, constitue leur nid ?

moi. — On ne le sait pas d’une manière positive. Les uns disent que c’est l’écume de la mer desséchée : vous comprenez que ceci est absurde ; d’autres croient, avec plus de vraisemblance, que cette matière provient de certains mollusques dont les hirondelles de mer se nourrissent ; d’autres enfin la regardent comme étant du frai de poisson ou une gomme végétale. Ainsi rien de bien certain à cet égard.

— Après avoir soigneusement emballé mes nids d’hirondelles, reprit Fritz en continuant son récit, je poursuivis ma route, et, à l’issue des rochers, j’entrai dans une baie magnifique dont le rivage était bordé par une savane s’étendant au loin, à perte de vue ; çà et là des touffes d’arbres ; à gauche, des rochers très-élevés ; à droite, l’embouchure d’une petite rivière ; au delà de la rivière, un marais et une vaste forêt de cèdres qui cachaient le reste du paysage. Pendant que je longeais la côte, doucement porté sur une mer unie comme un miroir, je pus voir, jusque dans les profondeurs de l’onde transparente, des couches de coquillages bivalves attachés entre eux et sur les écueils par des filaments minces comme des cheveux. Je pensai que ces coquillages devaient avoir un goût plus agréable que nos petites huîtres de la baie du Salut ; ils étaient si gros, qu’un seul contenait bien la nourriture suffisante pour deux hommes ; j’en péchai donc plusieurs avec mon petit filet, et les jetai sur le rivage pour les manger plus tard et en ramasser pour vous. Quand je me disposai à les reprendre, je m’aperçus que la chaleur du soleil avait fait écarter les deux valves, et que les huîtres étaient