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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/43

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le robinson suisse.

souper, car nous avons grand’faim. Mais vraiment tu as été trop bonne de tuer une oie pour fêter notre retour. Je crois qu’il faut laisser ces animaux vivre et se multiplier.

— Rassure-toi, me répliqua ma femme, ce rôti n’a pas été pris dans notre basse-cour ; c’est la chasse d’Ernest ; il donne à cet animal un nom assez étrange, mais il déclare que la chair est bonne à manger.

ernest. — Je crois, mon père, que c’est une espèce de manchot regardé avec raison comme très-stupide : j’ai pu le tuer d’un coup de bâton.

moi. — Comment avait-il les pieds et le bec ?

ernest. — Les pieds garnis de membranes, comme les oiseaux aquatiques ; le bec long, aplati, et légèrement recourbé à l’extrémité. J’ai mis en réserve la tête et le cou pour que vous puissiez juger vous-même la chose.

moi. — Tu vois, mon fils, combien les systèmes raisonnables sont bons à étudier, pour les sciences naturelles : avec ces quelques caractères tu peux désigner les genres et les espèces. »

Ma femme nous interrompit alors et nous fit ouvrir les cocos, dont nous mangeâmes tous, ainsi que le singe. Quoique les poissons fussent un peu secs et le pingouin assez fade, il fallut s’en contenter. On nous raconta comment Jack et le petit François avaient été à la pêche le long de la levée.

Notre repas terminé, comme la nuit approchait, nous ne tardâmes pas à aller nous mettre au lit. Nos poules et nos oies, etc., etc., nous avaient déjà avertis qu’il était l’heure du repos. Le petit singe se cacha entre les bras de Jack et de Fritz, qui le couvrirent de mousse contre le froid. Moi-même, heureux d’être au milieu de mes chers enfants, je ne tardai pas à m’endormir. Tout à coup nos chiens, mis en sentinelles au dehors de la tente, poussèrent de longs hurlements. Je me levai ; Fritz et ma femme, armés comme moi d’un fusil, m’accompagnèrent hors de la tente. À la clarté de la lune, nous vîmes douze chacals qui se battaient contre