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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/49

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le robinson suisse.

la dernière cuve je mis du soufre, de la toile à voile, des ficelles et des cordages.

Notre bâtiment était extrêmement chargé ; peut-être même aurais-je ôté quelque chose à ma cargaison, si la mer n’eût pas été calme et paisible. Par précaution, pour la nuit, nous mîmes chacun une sorte de corset de liège.

Un feu très-brillant allumé par les nôtres sur les rochers nous empêcha d’avoir aucune inquiétude sur leur sort ; pour réponse, nous attachâmes quatre lanternes à notre mât.

Après avoir prié Dieu, nous nous couchâmes dans nos cuves, où le sommeil ne tarda pas à venir nous reposer des fatigues de la journée.

Dès l’aube, je fus sur le pont du navire, et, à l’aide de notre télescope braqué sur le rivage, je pus voir ma femme sortir de la tente. Elle paraissait regarder avec attention du côté de la mer, et son pavillon blanc flotta bientôt en l’air ; j’éprouvai une grande joie, maintenant que j’étais sûr que ma famille n’avait couru aucun danger. Nous déjeunâmes avec appétit, et je dis à Fritz : « Mon enfant, il va falloir quitter encore une fois ces pauvres bêtes vers lesquelles, peut-être, nous ne reviendrons plus. Si nous tâchions d’en sauver quelques-unes ?

fritz. — Faisons un radeau et attachons-les dessus.

moi. — C’est une entreprise difficile, et d’ailleurs espères-tu que la vache, la truie, l’âne, les chèvres, se tiendront tranquillement sur le radeau ?

fritz. — Jetons, sans façon, le cochon à la mer : son large ventre le soutiendra bien, et, s’il faut l’aider, nous le traînerons au moyen d’une corde passée à l’une de ses pattes.

moi. — Très-bien ; et les autres animaux ?

fritz. — Mettons-leur à tous des corsets natatoires comme nous en avons nous-mêmes ; il ne manque pas de liège ici.

moi. — Encore très-bien. Allons, vite à l’ouvrage ! »

Un mouton fut d’abord pourvu d’un corset de liège et