Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/103

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Park Street pour Herne Hill ; l’ouvrage tut alors terminé et, au commencement de 1853, le second et le troisième volumes furent publiés par Smith et Elder.

Les Pierres de Venise devaient être, comme nous l’avons vu, un développement concret des Sept Lampes ; elles devaient fournir la preuve historique et matérielle de l’intime réaction qu’exerce un noble type de vie publique et privée sur le caractère des monuments élevés par une nation qu’il inspirait. Il y a moins de fantaisie que dans les Sept Lampes, moins de digressions, moins de combativité et de rhétorique, mais on y trouve la même fermeté d’intention. Le livre est, en même temps, le plus logique, le plus organique de tous les grands ouvrages de Ruskin ; son but principal étant d’appeler l’attention sur le mérite unique des constructions vénitiennes et de protester contre la mode des imitations de Palladio, on peut dire qu’il a pleinement réussi. Toutes ses prédications sur l’esclavage de l’ouvrier moderne réduit à un rôle machinal et sur les dangers esthétiques, moraux, sociaux du travail mécanique, sur l’horreur que doivent inspirer les imitations conventionnelles des boiseries ou des marbres et sur la monotonie des ornements perpendiculaires et des triglyphes surbaissés, toutes ces idées ont pénétré profondément les esprits de notre génération.