Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/112

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le Flamand qu’il exalte jusqu’aux étoiles, sur Murillo l’Espagnol, et Salvator Rosa l’Italien du sud, dont il ne parle que pour les dénoncer comme des hommes qui ont cherché le plaisir dans l’horrible et le dégoûtant ; tout cela pour expliquer les Pierres de Venise ! Mais telle est la manière de notre écrivain : et malgré toutes ses circonvolutions, ses excentricités et ses illusions elle est pleine de fascinations et profondément suggestive.

Le livre contient en outre des considérations très élevées d’édification morale et sociale : la vie même et le mode de travail de l’ouvrier constituent après tout l’essence de l’Art ; on ne peut avoir que mépris pour ces artifices piteux par lesquels on imite sur le plâtre ou le sapin, le grain du bois et les veines du marbre ; l’Éducation ne consiste pas à se gorger de faits et d’informations ; la distinction de l’ornement vrai du faux, la variété dans l’ornementation, la dignité de la couleur pure, tout cela et mille autres choses qui nous sont suggérées font bien de ce livre ce que Carlyle disait : Un sermon sur les pierres.

Dans le sixième chapitre du second volume se trouve un passage sur l’esclavage mental de l’ouvrier moderne qu’on pourrait prendre pour le credo, sinon pour le point de départ des idées de la nouvelle école industrielle. Cela est aussi puissamment exprimé que noblement pensé :