Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/129

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que ceux d’aujourd’hui. D’une fantaisie sans extravagance, émouvantes sans phrases, originales sans paradoxes, ces notes si fines donnent de Turner, dans l’une de ses meilleures manières, une interprétation aussi complète que celles consacrées à Giotto et aux fresques de Santa Maria dell’Arena. Les vues de « Douvres », de « Sheerness », de « Witby » et de « Scarborough » sont des exemples admirables de l’intuition dont était capable un génie original comme celui de Turner. Une vue comme celle de Sheerness, en 1826, est réellement un document pour l’histoire d’Anglaterre, maintenant que les vaisseaux de soixante-quatorze canons sont devenus des forteresses flottantes en acier et qu’un yacht ressemble à une torpille de métal, surmontée de deux ou trois coupoles.

Au cours de ces années, son activité fut très-variée. En 1855 il commença les « Notices sur les peintures de l’année » qui causèrent un certain émoi parmi les peintres et les critiques mais furent un véritable charme et un réel enseignement pour le public. À ce moment, Ruskin était accepté comme arbitre suprême en matière d’art par tous les hommes cultivés et d’esprit ouvert. Carlyle, les Browning, Coventry Patmore étaient ses amis intimes. Il donna alors de fréquentes conférences dans les musées, les écoles et les cercles littéraires et, quoiqu’il y traitât d`une branche