Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mill est injuste et ignorante, car Mill certainement s’efforça de neutraliser le champ étroit ou l’économie politique est légitime, peut-être sans beaucoup de succès, mais on ne doit point le confondre avec Ricardo, encore moins avec l’école des ploutonomistes à la Gradgrind, qui considèrent les faits observés au milieu d’une société malade comme étant pour toujours moralement et socialement nécessaires.

Il peut se faire que les définitions de Ruskin aient trop de fantaisie pour être exactes. Il s’abandonne trop à sa vieille l’habitude calviniste d’extraire violemment sa pl1ilosophie du texte des Écritures en les interprétant librement d’après les besoins de la cause. C’est ainsi qu’il déduit l’antagonisme permanent entre le riche et le pauvre des Proverbes de Salomon — « Un marchand juif engage dans de grosses affaires sur la Côte d’Or est réputé pour y avoir fait la plus grande fortune de son temps ». Quant à son mépris pétulant pour ses adversaires, peut-on demander la modération à un homme qui combat toute une armée ? Personne ne dira qu’Elie montrait de la suffisance lorsqu’il tournait en dérision les prêtres de Baal ni que Jean-Baptiste était un simple arrogant quand il insultait Hérode en face. Prenons donc les Réformateurs, les Évangélisateurs, les Prophètes qui ont une mission tels qu’ils se présentent à