Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/220

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vives alarmes à ses parents. Enfin, vers la quarantième année, lorsqu’il abandonna ses études d’art pour se consacrer aux problèmes sociaux, une mélancolie profonde, causée par ses rêveries sur les malheurs du temps, s’empara de lui pour ne plus le quitter.

Désormais, il vécut le plus souvent seul ou dans une méditation silencieuse pendant plusieurs années. En 1862, il écrit de Suisse : « La solitude est vraiment complète ». « Je ne me trouve pas encore bien, balloté que je suis entre le désir d’une existence tranquille et agréable et l’appel effrayant que poussent vers moi le crime des hommes que je veux abattre, la misère des hommes que je veux soulager ». « Cela ressemble pour moi à la voix d’une rivière de sang qui m’entraîne, désespérément au milieu de ses noirs caillots ». C’est alors que survint la mort de son père et, quelques années après, celle de sa mère ; l’ancien foyer se trouva ainsi brisé. Les années 1870 et 1871, pendant la grande guerre européenne, lui apportèrent des chagrins profonds en raison des malheurs publics. Durant l’été de 1871, il fut pris de cette violente inflammation interne qui mit ses jours en danger et qui donna tant d’inquiétude à ses amis, ainsi que l’indique une lettre caractéristique de Carlyle : « Nous avons été à votre sujet dans un état à faire vraiment pitié jusqu’à ce que les jour-