Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/226

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chant furieusement la paix dans un labeur acharné, toujours assombri par le souvenir d’un amour éteint et par l’horreur passionnée inspirée par la vue des maux sociaux, c’était là une constitution menacée d’une ruine totale. Pendant tout l’été et l’automne de 1873, Ruskin souffrit d’insomnies, et eut des visions étranges, il travailla fébrilement et présenta une prostration presque complète de corps et d’esprit. En 1874, il essaya d’un nouveau voyage en Italie, contracta une dangereuse fièvre à Assise et rêva qu’il était un frère du tiers-ordre de saint François. C’est d’Assise qu’il écrivit une lettre indignée pour refuser la médaille d’or de l’Institut Royal d’Architecture. Bizarre assemblage ! Saint François, John Ruskin, sir Gilbert Scott et les « restaurateurs » d’anciennes églises ! D’année en année, la fièvre de son cerveau augmentait. Il voulut refondre ses ouvrages et abjurer beaucoup de ses anciennes opinions. C’est un triste moment — « lettres confuses et désespérées, dessins, travaux tout aussi confus ». Il dit qu’il ne peut fixer son esprit pour faire une simple addition ; « Il s’évapore entre sept et neuf pour spéculer sur les sept péchés capitaux et les neuf Muses ». Le jour de Noël, en 1876, il souffre beaucoup, puis il a une sorte de vision qui lui montre sa dame morte sous la forme de sainte Ursule et il sent renaître sa croyance perdue en