Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/228

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un homme affaibli d’esprit et de corps, et à la fin d’une existence des plus laborieuses. On dit des constructeurs d’Empires qu’ils — « pensent par continents », un Hérode affolé aimait « à penser d’or et à rêver d’argent, » John Ruskin lui, pensait par encyclopédies, comprenant l’homme et la nature en une seule bibliothèque. Cette longue liste de volumes était peut-être un de ces jeux d’esprit qui lui étaient familiers, mais Ruskin fut toujours un mégalomane et jamais plus que lorsque ses rêveries s’appliquaient à ce qu’il devait exécuter lui-même. Pourtant ce simple exposé de travaux en préparation qu’il publia fort sérieusement est bien caractéristique de son état d’esprit, et toutes les leçons qu’il donna pendant son professorat, Deucalion, Proserpine, et les autres semblent bien n’être que des lambeaux épars tirés des portefeuilles où il avait rassemblé les matériaux d’une énorme entreprise encyclopédique.

Dès le commencement de 1879, son état cérébral le força à abandonner sa chaire d’Oxford ; et, en guise de repos, il s’adonna à l’étude des glaciers des Alpes au sujet desquels il soutint avec le professeur Tyndall, une vive controverse qui rappelait le combat fabuleux de l’aigle et de la baleine. Il avait soixante ans quand il se retira, cherchant la paix et l’étude, à Brantwood, dans sa charmante demeure sur le lac de Coniston. Ce lieu est un des