Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/230

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pénétrée d’une atmosphère de grâce, de simplicité et d’affection.

La maison, devenue à la fin assez spacieuse sans être imposante, originale à la vieille mode sans être en rien « esthétique ou inspirée de William Morris » (elle garda en effet longtemps quelques traces des banalités de l’ère des Georges et du début de celle de Victoria), la maison renferme quelques restes exquis de ses grandes collections. Le premier de tous, c’est le glorieux Titien, le doge Gritti, deux Tintoret, un portrait contemporain de Raphaël, des portraits de Turner et de Reynolds dans leur jeunesse, peints par eux-mêmes, des portraits du père et de la mère de Ruskin et celui de Ruskin enfant par Northcote avec sa ceinture bleue, ses yeux bleus et son fond de « montagnes bleues ». La chambre à coucher de Ruskin était entièrement garnie des meilleurs dessins de Turner que ses livres ont décrits avec tant d’enthousiasme. Sa bibliothèque personnelle comprend tout un rayon d’admirables manuscrits enluminés, quelques rarissimes livres imprimés, quelques manuscrits originaux des romans de Scott, écrits de la main du maître à une allure furieuse sur des pages in-quarto, toujours lisibles et presque sans ratures ; quelques petits tableaux de Prout, de Hunt, et de Burne-Jones et enfin des casiers pleins de minéraux rares et de pierres précieuses. Avant d’avoir