Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/234

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jeunesse et son âge mûr, et cela, au milieu de déconvenues publiques et de peines intimes qui auraient pu être fatales à bien d’autres hommes ; un effort acharné et d’une nature particulièrement émouvante, parce qu’il était lié, à ses yeux du moins, à des questions vitales au milieu desquelles il se débattait, luttant comme Jacob contre l’Ange dans le désert ou, comme Savonarola, implorant une réconciliation de l’homme avec Dieu…

« Ces crises de maladie mentale qui, lors de son retour à Oxford, semblèrent s’espacer davantage revinrent, après sa démission, à intervalles de plus en plus fréquents. Les orages éclatèrent sur lui en fracas répétés, se calmant parfois mais pour retomber avec plus de furie, jusqu’au moment où ils le laissèrent abattu pour toujours, le forçant à subir l’épreuve et à se courber sous la tempête.

» Tout ce dont je me souviens maintenant, durant ces nuits et ces jours si pénibles, c’est la vue d’une grande âme tourmentée et, émergeant des flammes mêmes de la souffrance, la tendresse ineffable de l’homme lui-même, avec son appel passionné à la Justice et ses aspirations ardentes, mais jamais réalisées, vers la vérité. Pour ceux qui ne pouvaient comprendre les égarements d’un esprit surmené, cette lutte devait ressem-