Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/264

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livre avec intérêt comme pour chercher les signes du temps. Tandis que vous commencez votre escalade, voici qu’un sombre nuage, à l’improviste, vous enveloppe ; avec lui une terreur instinctive vous étreint ; autour de vous ce ne sont qu’images sur images de misères, de meurtres et de lente mort : çà et là, au premier plan, un rayon de soleil vient donner un dur relief à cette scène sauvage, mais par échappées, vous entrevoyez dans le lointain de vastes étendues d’ancienne histoire et comme des terres de promissions laissées à l’arrière. Peu à peu l’obscurité vous entoure. Le vieux tonnerre des phrases ruskiniennes, comme ramassé en secs coups de fouet, se répercute sans discontinuité de tous les points de l’horizon, éveillant les échos, faisant résonner les profondeurs : ce ne sont qu’allusions, suggestions, insinuations soulevant le royaume du chaos et, avec des éclairs fulgurants et inattendus, vous forçant à voir de terrible façon ce que vous êtes habituellement si heureux de laisser dans l’ombre. Fascinés par le jeu du marteau de Thor qui frappe les Géants de Glace — vos chères habitudes qui « pèsent sur vous comme de lourds glaçons » — vous vous apprêtez à applaudir, et voilà qu’un coup plus violent fait rouler votre point d’appui dans l’abîme. Mais, si vous pouvez grimper encore et, sans crainte, aborder le sommet, l’orage s’apaise, de nouveau vous voyez le monde au-dessous de vous, mais alors tout secoué du