Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/62

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de joie coulaient des yeux de ses parents enthousiasmés. C’est alors que lut peint son premier portrait par George Richmond de l’Académie Royale : le jeune poète est représenté assis à son bureau, le crayon à la main, le Mont-Blanc dans le fond ; l’expression du visage à la fois inspirée et méditative. Ce furent peut-être alors les heures critiques de sa vie, mais sans doute aussi les plus heureuse et les plus sereines.

Tout grisé des Alpes, des montagnes, des lacs, des châteaux et des églises du Rhin, de la Suisse, de l’Italie, du Cumberland et du Perthshire, ami personnel de Turner et possesseur de quelques-uns de ses meilleurs tableaux, élève de Copley Fielding et de Harding, comblé d’honneurs à Oxford et couronné comme poète, Ruskin appliquera désormais tout son zèle à développer son premier plaidoyer en faveur de Turner et les idées de « Kata Phusin » sur l’Art et la Nature. Mais il fallait d’abord reviser les anciens dogmes et exposer les véritables. Sans hésitation ni timidité, le jeune homme imbu des idées de Platon, d’Aristote, d’Euclide et d’Aldrich, établit les principes de l’Art et de l’exacte reproduction de la nature, en une série de propositions tranchantes, pleines de mépris pour les règles vénérables et les lieux communs populaires. L’idée dominante de son retentissant appel aux peintres était de repousser toutes les tradi-