Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/64

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Platon contre la fausse science des sophistes et leur gout des belles phrases qu’ils préféraient à la vérité ; sur les révoltes de Bacon contre l’École ; sur la répudiation par Locke de toute autorité traditionnelle. Et cette argumentation était soutenue par une réthorique splendide, par un torrent d’exemples, par des mots qui peignent et par des mots qui flagellent ; on n’aurait jamais pu rêver pareille révolution dans tous les pesants lieux communs de la critique conventionnelle. Elle faisait songer aux brûlantes revendications de Rousseau en faveur de l’état de nature qu’il opposait à l’Ancien Régime ; à l’appel de Wesley en faveur de l’esprit de Jésus opposé à l’opulence de l’Église et surtout aux invectives du « Sartor» flétrissant la bassesse et l’imposture ; mais les sarcasmes étranges du puissant « Tailleur » étaient remplacés par de merveilleux souvenirs de voyages et des espèces de symphonies fondues dans la plus admirable mélodie.

Le livre fut terminé pendant l’hiver et publié en mai 1843. Il devait avoir pour titre « Turner et les anciens », mais, sur l’avis de l’éditeur, il fut remplacé par le suivant : « Les Peintres Modernes : leur supériorité dans l’art de peindre les paysages sur les anciens maîtres, démontrée par des exemples de vérité, de beauté et d’Intelligence tirés des œuvres des artistes modernes, en particulier de celles