Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/72

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du Paradis, Ruskin croit qu’il aurait écrit les Pierres de Chamonix au lieu des Pierres de Venise. Mais avec le Tintoret, il se plongea dans l’école vénitienne et fut ainsi conduit à étudier l’histoire de Venise elle-même. Ce fut comme un nouveau ciel qui lui était soudainement ouvert. Mais, dans ce même temps, survint pour lui — et pour le monde — « une nouvelle fatalité » — dont il ne pouvait dès lors prévoir toutes les conséquences, — la découverte de la photographie.

Pendant qu’il étudiait ainsi à Venise avec Harding les galeries de peintures et les couchers de soleil, ils furent rejoints par Boxal, de l’Académie Royale, qui fut quelque temps directeur de la « National Gallery » et ils fréquentèrent Mme Jameson, laquelle était « absolument dénuée de toute connaissance et de tout instinct pour la peinture » mais sincère, laborieuse et fort agréable. Il fut alors pris d’un accès de fièvre — évidemment d’origine malarienne, quoiqu’il ne voulût pas en convenir — mais personne n’étudie à Venise sans prendre la malaria ; — et il rentra péniblement chez lui dans un état de profonde dépression, avec l’image de la mort devant les yeux. Pour la première fois peut-être, nous dit-il, il pria Dieu avec une foi fervente et en toute humilité et il eut le sentiment que sa prière était exaucée. La crise fut de courte durée, peu à peu il perdit