Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« un sermon sur les pierres » adressé à la nation anglaise dont l’histoire a tant d’analogie avec celle de l’oligarchie vénitienne — qu’un courant semblable d’orgueil, de luxe et d’infidélité pourrait conduire à la même décadence finale.

Dans sa seconde conférence de la Couronne d’Olivier Sauvage il expose ainsi le but qu’il poursuivit dans ses deux principaux ouvrages relatifs à l’architecture :

« Le livre que j’ai appelé les Sept Lampes était destiné à montrer que certaines formes relevées de caractères et de sentiments moraux sont les puissances magiques par lesquelles seules toute bonne architecture peut être produite. Les Pierres de Venise, de la première à la dernière ligne, n’ont pas d’autre but que de montrer que l’architecture gothique à Venise a été le produit et l’expression d’un pur état de foi patriotique et de vertus familiales, tandis que toutes les œuvres de la Renaissance portent partout la marque d’une secrète infidélité à la nation et d’une profonde corruption domestique… Dans tous mes ouvrages antérieurs, je me suis efforcé de montrer que toute bonne architecture est essentiellement religieuse, qu’elle est le produit, non d’un peuple corrompu et sans foi, mais d’un peuple vertueux et fidèle ; mais j’ai voulu montrer aussi qu’une bonne architecture n’est jamais ecclésiastique… qu’elle