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Page:Joseph Anglade - Grammaire élémentaire de l'ancien français.djvu/233

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Propositions complétives

Dans les propositions complétives ou subordonnées directes le verbe peut être, suivant le sens du verbe de la proposition principale, au subjonctif, à l’indicatif ou même à l’infinitif.

A.

Après les verbes qui signifient croire, estimer, penser (a. fr. cuidier), sembler, être vis (impersonnel neutre), l’ancienne langue emploie volontiers le subjonctif, pour peu que l’action marquée par le verbe de la proposition subordonnée soit fausse ou simplement douteuse (ce qui est souvent le cas avec sembler, être vis) .

Ex. :

Sire, ce croi-je bien qu’ele soit morte. (Chastelaine de Vergi, 875.)
Sire, je crois bien qu’elle est morte.
Ele... le duc atise
A croire que mout soit irie. (Ibid., 574.)
Elle excite le duc à croire qu’elle est très irritée.
Je cuidoie que plus loiaus me fussiez. (Ibid., 758.)
Je croyais que vous m’étiez plus loyal.
Et cuide que veritéz soit. (Ibid., 648.)
Et il pense que c’est la vérité.

Comme on le voit par ces exemples, il n’est pas nécessaire pour employer le subjonctif que la proposition principale soit négative ou interrogative, comme dans la langue moderne.

Autres exemples :

Ço lor est vis que tiengent[1] Deu medisme. (Alexis, 539.)
Il leur semble qu’ils tiennent Dieu lui-même.
  1. Subj. prés., 3e p. pl., de tenir.