Aller au contenu

Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 14.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

13.
LAGRANGE À CONDORCET.
À Berlin, ce 4 septembre 1775.[1].

Ce n’était sûrement pas pour me plaindre de votre silence que j’avais prié M. d’Alembert de vous demander si vous aviez reçu ma dernière lettre[2] c’était uniquement pour être assuré que vous n’aviez pas à me reprocher le mien. C’est une faute que je commets fort souvent vis-à-vis de mes amis ; je suis quelquefois longtemps sans leur donner de mes nouvelles, surtout quand je suis occupé de quelque matière qui m’intéresse ; je suis ensuite obligé de leur demanderpardon de ma négligence et je crois que je me suis déjà trouvé plus d’une fois dans ce cas vis-à-vis de vous. Je vous félicite de tout mon cœur de la charge qu’on vous a donnée[3] ; je crois que vous êtes le premier géomètre après Newton, et peut-être aussi avant lui, qui ait rempli une telle place ; je m’en réjouis avec vous comme d’une chose qui vous intéresse en particulier, et qui fait honneur à votre pays. Le projet que vous avez de réduire les poids et les mesures est digne d’un savant et d’un philosophe tel que vous, La Société des Arts d’Angleterre vient de proposer ce sujet pour le prix de 1777 ; elle paraît souhaiter une mesure invariable mais indépendante du pendule ;je doute cependant qu’on puisse trouver quelque chose de mieux et de plus commode.

Je n’ai point travaillé sur les comètes, mais je serais fâché qu’on remit le prix ; peut-être MM. Euler auront-ils envoyé quelque chose en ce cas on n’aurait pas lieu de le remettre.

J’ai grande envie de voir votre Ouvrage sur les approximations[4] ;

  1. Ms. f° 32.
  2. Voir la Lettre en date du 29 mai 1775, t. XIII, p. 299.
  3. Condorcet avait été nommé Directeur de la Monnaie (voir t. XIII, p. 302).
  4. Probablement le célèbre Ouvrage sur le Calcul des Probabilités.