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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1903, Tome 2.djvu/420

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

VII

Le dimanche 1er novembre, jour de la Toussaint, Henry travailla chez lui[1].

Il avait eu, peu avant, peut-être la veille, un rendez-vous avec la femme Bastian, et il avait trouvé, dans l’un des cornets, les fragments d’une lettre de Panizzardi à Schwarzkoppen, avec l’enveloppe[2]. La lettre était insignifiante, quelque rendez-vous[3]. Elle était écrite au crayon bleu, sur du papier quadrillé[4] ; elle commençait par ces mots : « Mon cher ami », et était signée de l’un des pseudonymes de l’attaché italien : « Alexandrine[5] ».

  1. Rennes, I, 555, Gonse : « Le faux est du 1er novembre 1896. »
  2. Revision, 98, procès-verbal de l’interrogatoire subi par le lieutenant-colonel Henry le 30 août 1898 : « Quant à la pièce de 1896, dit Henry, je l’ai reçue la veille de la Toussaint (donc, le samedi 31 octobre) et je l’ai reconstituée moi-même ; j’y ai mis la date moi-même. » De ce qu’Henry a daté son faux du 31 octobre, il n’en résulte pas qu’il l’ait reçu, ce même jour, le cornet où il trouva l’une des lettres dont il se servit pour sa forgerie. Cela est possible ; mais il est également possible qu’il ait vu la ramasseuse quelques jours auparavant. En tout cas, la date est, à un jour près, indicatrice de la fabrication du faux. Roget (Rennes, I, 319), sur une question du capitaine Beauvais, dit qu’il négligea de demander à Henry où il opéra, chez lui ou dans son bureau du ministère. Mais il croit, avec raison, que « ce fut chez lui, un jour de congé où le bureau était fermé ». Il explique ensuite, ce qui est confirmé par Gonse, que le faux fut fabriqué le jour de la Toussaint.
  3. Revision, 103, procès-verbal, Cavaignac : « Une lettre insignifiante. »
  4. Cass., I, 339, Cuignet.
  5. Cass., I, 172, Picquart ; 339, Cuignet : « Un nom de convention. »