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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/131

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DÉFENSE RÉPUBLICAINE


la proposât franchement, parce que le crime avait été commis, sous un ministère dont il était le chef, par un collègue qui avait agi à son insu, et pour rompre toute solidarité avec lui. Cette procédure insolite, qui avait surtout pour objet de faire prononcer la Chambre au moment le moins opportun, eût dû suffire à mettre en garde les esprits avisés.

Il y avait, dans l’énorme affaire, d’autres coupables que Mercier ; mais il était le plus grand, avec Esterhazy et Henry, et il aurait entraîné avec lui Boisdeffre et Gonse. Comme par une loi physique, les colères et les haines s’étaient concentrées sur lui ; et, lui-même, il les avait encore accrues, par tout ce qu’il y avait en lui de plus fier et de plus affreux, d’un calme impassible sous l’outrage et d’un cynisme irréductible devant son crime, capable de tout, sauf de s’humilier.

Pas de réunion publique sans que la foule furieuse ne le réclamât pour le bagne et, dans la presse, toute une meute après lui, si bien qu’il en grandissait encore, bourreau traqué comme une victime, malfaiteur qui avait sa part des traitements réservés aux bons citoyens.

Nous avons dit comment son cas fut introduit dans l’arrêt de la Cour de cassation. D’autre part, Manau avait renvoyé « à d’autres juges » les auteurs « des machinations » contre Dreyfus, et Ballot lui-même l’avait frappé au visage : « Les droits de la justice et de la défense priment tout ; la procédure secrète n’est plus de notre temps[1]. »

    posée par Salverte, celle du gouvernement de la Défense nationale par Delécluze, celle des ministres du Seize Mai par Brisson, au nom de la commission parlementaire sur les élections de 1877, celle de Jules Ferry par Laisant et Delafosse, celle de Raynal par Millerand. (1) Cass., III, 203, Ballot-Beaupré ; 233, 273, Manau.

  1. Cass., III, Ballot-Beaupré ; 233, 273, Manau.