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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/139

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DÉFENSE RÉPUBLICAINE


fait répéter la phrase « qu’il n’a pas entendue », que l’autre, en effet, avait prononcée à mi-voix ; puis, dès qu’il eut l’aveu, il en triompha. C’était la dernière injure à faire à l’armée, la faute suprême ; après quoi, il n’y aurait plus place que pour une nouvelle révolution du mépris et pour le César « sonore » qui balayerait la République.

Tel qu’on l’a déjà vu manœuvrer, Dupuy n’était pas homme à se buter. Quand Cochin dénonça son dessein de surprendre le vote de la Chambre sans s’être expliqué sur Mercier, il nia simplement qu’une semblable pensée lui fût venue : « Les mesures que le gouvernement a cru devoir prendre, je vais les indiquer, avec le sentiment de ma responsabilité et, aussi, avec celui de la tristesse que j’ai eue en les prenant. » Et il les énuméra, brièvement, mais pesant ses mots, réservant pour la fin « un acte visé par l’arrêt de la Cour de cassation », sans nommer Mercier.

À droite : « Que faites-vous de la solidarité ministérielle ? »

Le plus loyal des hommes n’eût pas répondu avec plus de tranquille fermeté : qu’il savait que sa propre mise en accusation allait être proposée (par Lasies) ; qu’il appartiendrait à la Chambre d’examiner cette question de solidarité ; mais que, pour lui, comme il l’avait déjà dit, sous la foi du serment, à la Cour de cassation, « il n’avait connu (en 1894) que le bordereau ».

Cochin, appuyé par Lasies et par Cassagnac : « Pourquoi cette communication (si grave) n’a-t-elle pas été faite à la Chambre ? Pourquoi, en même temps (que vous vous expliquiez sur les incidents de la veille), ne rendiez-vous pas compte des mesures que vous preniez ? » Mais il s’en tira par un défi : « Parce qu’il n’y


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