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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/171

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DÉFENSE RÉPUBLICAINE


Barthou, de le faire plus proprement assommer.

Il en fut fort endolori, comme de tous ses autres déboires, depuis cinq jours que, courant de l’un à l’autre, il s’ingéniait à doser un gouvernement comme une potion et à compenser un radical par un modéré, un partisan de la Revision par un adversaire de Dreyfus, Krantz par Monis ou Barthou par Vallé, et rien n’était plus laid, en effet, en un tel moment, que le spectacle de tant de convoitises et de basses querelles après celui de tant de dérobades. On allait déclamant que l’intérêt supérieur de la République commandait l’union de toutes les bonnes volontés ; puis, quand on en venait au fait et comme si la première condition de l’union n’était pas l’oubli des griefs réciproques, tout le vieux fonds de haine remontait à la surface. Le voisin de chacun était seul tenu de faire à l’intérêt commun le sacrifice de son amour-propre, de son repos ou de ses animosités. On eût dit la gageure de démentir par les actes que la situation était grave et que les soldats jetaient les sabres dans la balance. En pleine paix publique, on ne se fût pas disputé plus âprement à qui aurait l’Agriculture ou les Postes, « l’arsenic » ou « les nègres » : L’accord n’était difficile que sur les personnes. Alors qu’on savait le régime parlementaire en danger, on en étalait à nouveau les misères. Et cependant il n’y avait pas d’autre organisation possible de la liberté.

XI

Poincaré, quand il résigna son mandat, dit à Loubet qu’il l’engageait à s’adresser à Waldeck-Rousseau, que


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