Aller au contenu

Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
181
DÉFENSE RÉPUBLICAINE


d’épée[1] » ; Marchand qui déclamait dans les banquets[2] ; le lieutenant Arnal démissionnant pour se jeter dans la politique où son premier acte fut d’adresser au Président de la République une lettre d’injures[3] ; — l’indiscipline enfin gagnant jusqu’à la Marine : Lockroy, bien que démissionnaire, obligé de frapper le général de la Roque, pour une dépêche insolente à Loubet[4], et son propre chef d’État-Major, l’amiral de Cuverville, le même qui vouait la flotte à l’archange saint Michel[5], pour une diatribe exaspérée « contre un état de choses (la République) qui engendre le désordre et prépare la défaite[6] ». — Mais ce péril, qui ne se cachait pas, n’était pas le seul, ni le plus sérieux, pour inquiétant qu’il fût ; les moines, qui travaillaient en souterrain, étaient plus à craindre que les soldats. Ils avaient fort bien vu que Déroulède,

  1. Camp de Coëtquidan, 16 juin 1899.
  2. Le 18 juin, à Thoissey : « Nos hommes politiques furent obligés de faire évacuer Fachoda, parce que le pays était divisé, affaibli. »
  3. « À votre retour de Versailles, quand le drapeau, tout près de moi, s’est abaissé en votre honneur, il m’a semblé qu’un peu de honte rejaillissait sur vous et sur moi… De garde dans votre palais, après avoir vérifié qu’aucun danger ne vous menaçait, j’ai pleuré sur le métier qu’on me faisait faire, j’ai rêvé que Déroulède m’ordonnait de vous arrêter. » (24 juin.)
  4. 21 juin. — Le général de la Roque fut mis aux arrêts.
  5. « La reconnaissance me fait un devoir de déclarer qu’ayant placé sous l’égide du glorieux archange les escadres dont le gouvernement de la République m’a confié le commandement au cours de ces dernières années, j’en ai retiré une protection manifeste ; je me bornerai à citer deux faits particulièrement saillants… » : la mission du Père Dorgère à Abomey, parce que l’amiral avait mis expressément les négociations « sous la protection de saint Michel », et un incendie vite éteint à bord d’un cuirassé. (Circulaire pour la construction de l’église Saint-Michel à Paris ; note annexe.)
  6. Lettre du 18 à Fleury-Ravarin. — Lockroy releva Cuverville de ses fonctions.