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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/193

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DÉFENSE RÉPUBLICAINE


subsides à plus tard[1], mais il repoussa si peu l’accord à la fois avec les royalistes et les bonapartistes (jusqu’à la victoire contre l’ennemi commun) que leurs principaux meneurs décidèrent de poursuivre l’agitation rien que sur son nom, de fédérer les ligues et de désigner le triumvirat qui, le coup fait, pourvoierait à la vacance du pouvoir. Le plus important de leurs conciliabules, où assistèrent le colonel de Villebois-Mareuil, le marquis de la Ferronays, Cunéo d’Ornano, le baron Legoux, Lasies, Le Provost de Launay, Turquet, Sabran et Castellane[2], se tint, le 17, au fort Chabrol, sous la présidence du colonel Monteil. Après qu’on eût beaucoup bavardé, « comme dans une réunion parlementaire[3] », Guérin, que tous savaient au duc d’Orléans, rallia tout le monde par un bref discours, mais énergique : « Il faut en finir ! Il faut un coup de force, nous n’aboutirons que par là ! Il s’agit de s’emparer d’un ministère avec cinq cents hommes et, demain, l’armée sera avec nous. » Il fut désigné aussitôt pour faire partie du futur triumvirat avec Déroulède et le général Hervé ; tous deux étaient absents de la réunion et ne furent peut-être pas informés des résolutions qu’on y prit ; mais personne ne leur fit ni l’injure ni l’honneur de croire qu’ils n’accepteraient pas au moment voulu[4]. Sabran et Guérin allèrent aussitôt rendre compte au

  1. Haute Cour, 1, 32 : « J’ai répondu que j’accepterais peut-être plus tard, que, pour l’instant, la Ligue avait assez d’argent pour parer aux premières éventualités. » — Rapport du 21 juin : « Déroulède est en train de préparer un mauvais coup. »
  2. Ibid., 30, Hennion. — Spiard, qui assista à la réunion, cite encore deux députés, Charles Bernard et Rioust de Largentaye, et Guixou-Pagès. (Coulisses du fort Chabrol, 136.)
  3. Lépine (Haute Cour, 7 décembre 1899) rapporte ce mot d’un des « orateurs » : « On se croirait au Palais-Bourbon. »
  4. Ces différents conciliabules eurent lieu le 30 mai, le 15, le 17 et le 21 juin. (Haute Cour, I, 30, Hennion ; 6 décembre 1899,