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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/237

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LE RETOUR DE L’ÎLE DU DIABLE

VI

Les revisionnistes, qui avaient toujours vécu dans l’illusion, s’y enfoncèrent de plus en plus vers cette époque. Ils écoutaient d’une oreille distraite le fracas nationaliste, les avertissements cyniques de Barrès[1] ou de Drumont[2] que la question, devant l’armée, serait de puissance et non de justice ; traitaient Quesnay par le mépris, — impossible de discuter, de saisir ses gélatineuses sottises ; — ne s’amusaient pas moins de quelques autres menteries qui circulaient, — l’incendie de l’ambassade d’Allemagne où Esterhazy, déguisé en pompier, a volé le bordereau[3] ; des lettres de Mlle de Munster, « d’une hardiesse de passion réaliste », où Dreyfus est nommé[4] ; — et ils

  1. « C’est à choisir : Dreyfus ou les grands chefs. » (Journal du 4 juillet 1899.)
  2. « Si les juges ont la conviction intime que Dreyfus est coupable, ils devront le condamner, même sans preuve matérielle. » (Libre Parole du 20 juin.)
  3. C’était une vieille invention d’Esterhazy, comme je le montrai dans le Siècle du 20 juillet. Le 23 octobre 1897, quand Esterhazy alla faire à Schwarzkoppen sa fameuse visite comminatoire (voir t. II, 591), il put constater, dans la cour de l’ambassade, les traces d’un incendie, vite éteint, qui s’était produit la veille ; les journaux en avaient fait mention.
  4. Teste, rédacteur au Gaulois, dans le Journal de Bruxelles du 9 juillet. — La Libre Parole y revint, le 11 août, à la veille de la déposition de Mercier : « Ces lettres, adressées à un jeune diplomate de Berlin, étaient tombées en la possession du Service des renseignements. Elles sont au nombre de 43. Le général Mercier en a gardé 3. Les 4° autres ont été confiées à quatre personnes différentes et dont on est absolument sûrs » L’article est intitulé : « Ce que dira le général Mercier. »