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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/254

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


toute la durée du procès de Rennes, non sans bavarder qu’elle avait été mêlée à l’affaire Dreyfus et que ses secrets lui seraient payés cher par les amis de l’accusé.

Munster, quand sa fille lui communiqua la lettre de la Bastian, fut fort surpris, téléphona à la préfecture de police pour s’enquérir des raisons qui avaient fait arrêter la vieille servante de l’ambassade. On lui répondit nécessairement qu’on n’en savait rien, qu’on s’informerait ; Puybaraud courut au Dépôt et à Saint-Lazare, où l’on n’en savait pas davantage, et de là au domicile de la Bastian, où la concierge dit tout de suite que sa locataire était partie la veille pour une destination inconnue[1].

L’évidence (qui n’échappa point à Puybaraud), c’était que la disparation subite de l’espionne, l’associée de Brücker dans le vol du bordereau, avait été machinée par le bureau des renseignements, qui continuait à se croire un pouvoir autonome, indépendant du ministre de la Guerre, et à agir en conséquence, bien que Freycinet déjà lui eût fait défense de s’occuper de l’Affaire[2]. Galliffet, après avoir annoncé l’intention de

    Bastian de l’ambassade ni dans son « internement » à Marly (161, 165, 517 et 518). La « ramasseuse » arriva à Marly le 2 août (récit de Sardou) ; selon François, le 25 juillet (166). (Or, le 26, elle était encore à Paris, où elle reçut la visite qui a été racontée plus haut.) Dans un autre interrogatoire (518), François donne la date du 22 ou du 25 août : « Le 25, on savait très bien que Mme Bastian n’avait plus rien à faire à Rennes. » — 646, Galliffet : Je suis sûr que je n’ai pas enlevé Mme Bastian et je suis sûr aussi qu’aucun de ces messieurs ne l’a enlevée. »

  1. Récit de Puybaraud.
  2. Rennes, II, 23, Rollin ; Procès Dautriche, 160, François : « Le procès de Rennes approchait sans que nous ayons eu à nous mêler en quoi que ce soit de l’affaire Dreyfus. » — Voir p. 65 et 474 le rôle de Rollin et de François dans l’incident Lajoux.